Chaosphere

Mardi 29 juin 2010 à 23:47

Shine on you crazy diamond.
And we'll bask in the shadow of yesterday's triumph,
sail on the steel breeze.
Come on you boy child, you winner and loser,
come on you miner for truth and delusion, and shine

Shine on you crazy diamond - Pink Floyd ]

 
http://chaosphere.cowblog.fr/images/knittingsocksIbyWickedFairy.jpg   Encore un article sur le tricot et le travail du fil. Il faut croire que cet art particulier m'inspire particulièrement ces temps-ci, car je n'ai pas arrêté de travailler avec mes aiguilles. Un bonnet, une mitaine, un col, une écharpe, de nouvelles mitaines et un autre bonnet, ainsi va la production lainière et tricoteuse. 

   Je ne suis pas patiente. C'est bien la qualité qui me manque le plus : je ne suis pas patiente, et je ne supporte pas les travaux de longue haleine, même si je m'y consacre souvent. Pourtant, passer une journée sur un bonnet ne me gêne pas. L'avancement est présent sur les aiguilles. Le toucher du fil (même du fil d'acrylique, qui reste le plus accessible à mon pov' budget malheureux), le faire s'enrouler autour de ses doigts, autour de ses aiguilles, lui faire prendre la forme désirée au fil des différents points et des différents rangs a quelque chose de magique. Et de magie, voilà donc ce qui me fait écrire actuellement sur le tricot.

   La réflexion m'est venue pendant l'article de Yuna, intitulé Travailler la pierre : si son très beau pendentif se rattache à Pandora, sans pour autant être son unique univers, à quoi, au fond, se rattache mon tricot ? A mon arrière-grand-mère, certes, mais pas que. Les fils et les liens sont un thème récurrent et une image qui parcourt mes écrits, avec la danse et les échecs (un jeu auquel, malheureusement, je n'ai pas souvent l'occasion de jouer). Le tricot me donne l'occasion de tresser et de mêler les fils. Je sais même faire une corde au tricot, ce qui peut se révéler utile pour certains modèles. Le travail du fil est au coeur de mes activités manuelles favorites (même si j'aime aussi beaucoup le travail de l'argile), car au fond, cette bobine, ce fil, unique, simple, roulé en pelote peut donner naissance à tant et tant de choses, du bijou en passant par la décoration et le vêtement. Souvent utilitaire, beau, simple tout en apparaissant complexe ou complexe en apparaissant simple (faire de beaux châles en dentelle de laine est un exercice difficile, même pour les plus simples ! Le modèle Regina Juno de Knitty est dans ma liste de "à faire quand j'aurais un meilleur niveau" :)), la laine se laisse tourner et retourner dans tous les sens pour donner une nouvelle étoffe ou une nouvelle parure. Elle se lie et se délie au fil des aiguilles ...

   Le lien. Voilà, pendant tout ce temps, ce qui pouvait manquer à ma réflexion. Le travail sur le lien. Kiearth compare son travail au tissage d'une toile d'araignée, fine et invisible - le maître des illusions est une veuve noire aux fils délicats. Chaque Dieu de cet univers, de ce multivers, plutôt ,règne sur un fil d'énergie à la couleur particulière, aux propriétés spécifiques. Le fil noir de la destruction de Cantos, le fil gris de la mort (début et renouveau) d'Hadeyoss, le fil rouge qui relie les âmes de Léda, le fil violet de guérison de Dolores, le fil vert des ombres et du mystère de Kiearth, et ainsi continuent les associations et les particularités. Un fil, une couleur, un Dieu et une énergie, liés intimement, tressés, tissés, unis. Les propriétés de chaque énergie sont associées aux domaines de chaque Dieu, et chaque Dieu est à même de maîtriser à la perfection le fil d'énergie auquel il est relié. La magie des Enfers est toute entière tissage, tricotage, crochetage, tressage de fils d'énergie.

   De fil en aiguille, et c'est le cas de le dire, je me souviens de la Prayer Shawl découverte sur Ravelry à la base (site anglais de partage sur le tricot, très, très sympatoche et avec plein de projets à découvrir :)) : ce châle doit être tricoté en se concentrant sur les énergies positives, en priant, en se concentrant, voir même en n'hésitant pas à utiliser des huiles essentielles sur la laine, pour qu'ensuite elle ai une bonne odeur ... Le tout allié aux propriétés thérapeutiques des odeurs des huiles essentielles ! Le tricot devient alors méditatif et magique. 

   N'aurais-je pas du m'en rendre compte plus tôt ?
   Le fil apparait sans cesse dans ma spiritualité, tout comme le travail du fil. La toile du destin, la toile de nos chemins (la chaosphère m'apparait comme étant aussi l'écheveau des possibilités infinies - à partir d'un seul élément, tant de choses différentes peuvent être bâties, construites et forgées. A partir d'une pierre, chaque personne créera quelque chose de différent. A partir d'une laine, chaque tricoteur créera quelque chose de différent, même en partant d'un même schéma : le choix de la laine, des aiguilles, la tension des mailles fait différer de façon parfois drastiques les tricots !), tout cela se mêle et s'emmêle de façon étrange. Entre la magie des Enfers et la magie de tous les jours, entre le rouet de Frigg et mes aiguilles qui résonnent, je me dis qu'il y a véritablement quelque chose à exploiter dans l'état de semi-concentration, semi-conscience, presque, dans laquelle le tricot peut nous mener ...
 
Artwork : knitting socks I de Wicked Fairy

Samedi 19 juin 2010 à 17:16

Why in the world are we here,
Surely not to live in pain and fear,
Why on earth are you there,
When you're ev'rywhere,
Come and get your share.

[ Instant Karma - John Lennon ]

http://chaosphere.cowblog.fr/images/knittingcnsbydeathofrats.jpg    Je me souviens parfaitement de l'enterrement de mon arrière-grand-mère. Je n'étais pas triste : elle était morte âgée, là où elle le désirait, apaisée. Avec elle se sont envolé des années d'enfance, à la regarder en train de tricoter tout en discutant avec quelqu'un où en regardant la télé, le choix ardu d'un carré de chocolat aux noisettes - mais sans raisin sec, la chasse aux bogues dans le jardin. Maintenant une nouvelle famille habite son ancienne maison. De nouveaux cris, de nouveaux jeux. La panthère blanche qui me fascinait est allée chez ma tante. A l'époque, je n'ai pas pensé à récupérer son matériel de tricot. Trop jeune, je n'en faisais pas encore.
    Je me souviens de l'enterrement. Je me souviens de deux tâches de couleurs. Mon pull, rouge - je n'avais rien à mettre cet hiver là, pas un seul pull, et ma mère m'a offert l'un des siens, un pull au col large, tricoté dans une laine rouge, aussi rouge que du sang ou une rose. Cette rose, jaune et orange, ce "sphinx" que j'avais spécialement acheté, au milieu de toutes les roses blanches et rouges. Je n'ai pas pleuré. Je ne pleure pas aux enterrements. J'avais envie de sourire, plutôt. Elle était morte comme elle le désirait, elle allait rejoindre son mari - un homme que je n'ai pas eu la chance de connaître. Pourquoi pleurer ? 

   J'ai appris le tricot un ou deux ans plus tard, avec ma grand mère. En est sorti deux écharpes. Une pour mon doudou (un lion en peluche - parce que oui, il fallait que je commence dans la vie avec un lion et un serpent. Je souris.) et une pour moi, dont je n'ai jamais rentré les fils, avec des couleurs passablement immondes, mais que je pense mettre cet hiver tellement elle est étrange. J'ai conservé les aiguilles, deux vieilles paires de ma grand-mère. Une paire bâtarde, composée d'aiguilles de tailles différentes (3 et 3,5), et une paire d'aiguilles de 5, toutes les deux en métal. Elles ont dormi dans mon meuble à clapet pendant un sacré moment ... Elles sont ressorties récemment, depuis deux ou trois semaines.

   J'ai maintenant quelques créations de réalisées : deux écharpes (une tricotée aux doigts - nommée Aether -, cadeau pour mon ange ; l'autre, tricotée au point mousse - Water Link -, réalisée pour Maya), une pochette dans laquelle se loge mon tarot Mage, une mitaine (l'autre est en cours de tricotage hihi). En cours, un col et ... hé bien la deuxième mitaine. En projet, de nombreuses idées, du bonnet poisson au col chouette, en passant par l'écharpe rayée.
   Depuis que je me suis remise au tricot, j'ai régulièrement entendu des réflexions par rapport à mon arrière grand-mère. Ce matin, le "Mémé te verrai en train de râler comme ça contre tes aiguilles, elle rigolerai bien j'en suis sûr !" de mon père (je venais de me surprendre à faire le mauvais point de tricot :'D), ou les réflexions sur le fait qu'elle serait ravie de me voir aller là où elle achetait sa laine, accompagné d'un "je suis sûre qu'elle t'accompagne quand tu y vas !" de ma tante (il faut préciser, donc, qu'il y a une mercerie dans mon village, mercerie où se fournissait mon arrière-grand-mère, ainsi que ma tante, puis moi-même). Il faut tout de même savoir que la famille n'est pas versé dans la spiritualité et à plutôt une tendance agnostique-athéiste prononcée qui accompagne l'anti-cléricalisme républicain fortement ancré depuis un sacré paquet de temps (entre les libres-penseurs et les instituteurs, on ne sait plus trop où donner de la tête).

   Pour sûr, je ne tricote pas la même chose qu'elle. Mais il y a quelque chose de magique dans le fait d'avoir ce lien qui se tisse, qui se tricote, justement, entre nous deux. J'ai toujours beaucoup admiré mon arrière-grand-mère. Un sacré caractère, tout de même, pour avoir réussi à convaincre son médecin de la laisser chez elle. Dans son lit. Là où elle voulait s'éteindre. Et en même temps avoir patienté, patienté, comprendre que la mort venait, mais s'être battue jusqu'au bout pour voir tout le monde et leur dire au revoir au moins une dernière fois.
   Tricoter, laisser les aiguilles cliqueter (parce que je tricote avec du métal ou du plastique - oui, je suis une vile fille qui ne tricote pas avec du bois équitable. Si vous me les offrez, je veux bien changer d'avis, mais pour le moment, 8€ la paire d'aiguilles droites, je dis "niet" -_-), voir la laine se tordre et former lentement, peu à peu, ce que vous désirez porter. Ca aussi, c'est une forme de magie et d'hommage.

   Qui sait si j'aurais un jour tricoté sans l'image de cette femme en train de tricoter tout en discutant, sans les écharpes et les gilets qui nous couvraient, plus jeunes. 

    Celui que j'ai conservé est rouge. Rouge, comme une rose ou comme du sang.
    Rouge comme ce pull que j'ai mis pour ton enterrement.
    Parce que je partage ton sang et que ta mémoire sera toujours dans mes veines et dans mon coeur.
 
Artwork : knitting cns par Deathofrats
 

Lundi 31 mai 2010 à 23:59

   La dernière Muse à faire irruption dans mon petit cerveau ne s'est pas dérangé. Elle n'a pas frappé à la porte : elle l'a défoncée et s'est installée, tranquille, prenant ses aises ... et surtout les bouts de vagues projets de "un jour j'aimerai ..." auxquels je n'avais pas vraiment réfléchi. Les Muses, parfois, c'est vraiment impoli, vous savez ? Certaines hurlent pour se faire entendre (surtout la poétique), d'autres s'installent tranquillement, prennent le temps de visiter les lieux et ne se signalent qu'une ou deux fois par an, laissant les neurones travailler en arrière plan pour façonner l'univers et mieux le comprendre (celle du Lagon des Ombres est tout à fait de ce genre), et il y a le genre à débarquer, casser la porte, prendre le canapé et te lancer "c'est bon, chuis là, écrit !". 

   L'inspiration, ça va, ça vient, comme dirait l'autre. Et en ce moment, je suis terriblement inspirée. Pour écrire, pour dessiner (il faut que je scanne mes derniers dessins de Dieux, que je trouve redoutablement adorables, surtout celui de Lofn <3), pour créer, tout court. J'ai dans les mains mon nouveau collier de prière dédié à Hel, qui cotoie le collier de sérénité crée pour Wilwarin, ma grande stressée.

   Car tout est une question d'inspiration, au final.



   Sur une toute autre note, j'ai lancé les commissions de dessins et de tirages de tarot sur mon deviantart. Plus d'informations là-bas :)
 

Jeudi 15 avril 2010 à 10:40

http://chaosphere.cowblog.fr/images/31983235491fd13824b6.jpg   Elle se mit à raconter l'étrange Dieu de la Guerre qu'était le leur, fils de la Justice et de la Discorde, Dieu taciturne. La Guerre comme combat contre soi-même, pour devenir meilleur chaque jour. La Guerre comme éternel recommencement, non pas en tuant son prochain, mais en le protégeant. Une Guerre devenue l'étrange équilibre de l'horreur, de la peine et de la paix.

   Parce que sur mon chemin, il y a trois silhouettes qui se dessinent en permanence, qui n'errent pas ; qui me suivent. Depuis si longtemps. Guerre. Mort. Ombres. Chant, Peinture, Danse, tryptique artistique qui permet de lâcher ce qui ronge les coeurs et les âmes, au moins la mienne. Plus j'avance et plus je comprends à quel point il m'est nécessaire de les comprendre pour m'apprendre moi-même.

   C'est à son tour. Il a toujours fait des apparitions remarquées dans les différentes histoires du multivers auquel il appartient, jouant un rôle majeur, mais pas à ce point manipulateur des choses, contrairement à son demi-frère. Outil d'un Destin plutôt qu'Acteur. La Roue tourne et la magie a besoin de la Guerre, semble-t-il.

   Je me demande quand est-ce que le Chant résonnera.

   Pour ceux que cela intéresserait, le premier chapitre de Doppelganger est disponible ici à la lecture.

Jeudi 25 mars 2010 à 19:30

http://chaosphere.cowblog.fr/images/miroir1226423445.jpg   Je n'aime pas les vampires d'Anne Rice. Je n'ai pris aucun plaisir, quand j'ai lu Entretien avec un vampire. Plutôt l'envie de bouffer le bouquin, et au passage de baffer quelques personnages. Pourtant, je l'ai lue dans la bonne période, pseudo-gothique de bazar à la petite semaine, déprimée parce que sachant d'avance son étrange couple condamné, sous la pluie battante d'une Barcelone que j'aimerais revisiter plus ensoleillée.J'ai pas vraiment de raisons d'être très tendre avec cette partie de ma vie. Enfin ... Si. J'ai de la compassion pour ce que j'étais à l'époque. Mais ce n'est pas ça dont je voulais parler. 

    Non, ce dont je voulais parler, justement, avait un rapport avec Anne Rice. Parce que des fois, on écarquille grand les yeux, quand on lit quelques mots, et surtout, on sourit, très fort, très touchée, parce qu'ils ont visé notre petit coeur tout émotif.

    Parce que lire ça :

"Seldom a week goes by that I don't receive an email asking me to write about Lestat again, or asking me why I choose not to write about him. Sometimes the readers ask for a novel of Lestat's redemption. Some time they ask only for his adventures to continue. I can't go back to Lestat.  It's simply an impossibility of which I am acutely aware. It's not even a choice, really. I cannot return honestly to the world in which Lestat was created and in which he exists in the novels.  I can't get into that world again.  An impossibility more than a choice. Lestat is always and eternally on the verge of redemption, and so he must remain, an existential hero always acutely aware of his own tragic choices. I am happy with him out there, existing, finding new readers, dancing under the lamplight. I am overjoyed that he may soon be smiling on me from the big screen.  I cannot be Lestat again.  And I know this.  To recognize it and accept it, to go on to new themes, to greater challenges, this is my destiny.  I am like him in that I want to be strong as he was always strong.  And that means I must be strong enough not to try to do what I cannot do.   Thanks, Anne Rice."
(citation de madame Rice qui vient d'ici)

    Et la seule chose que j'ai envie de dire, avec mon élégance et ma retenue naturelle, c'est "... 'tain ça c'était beau."
    Je n'ai jamais aimé Lestat, je n'ai jamais aimé Entretien avec un vampire, je n'ai pas continué la lecture de la saga. Mais quand je lis ça, je me dis que cette auteure a vraiment fait quelque chose de sa vie d'écrivaine. Autre que publier un roman. Publier un roman, ce n'est rien, à côté de ça. Je veux dire ... C'est bien, c'est très bien, mais ça ne prouve pas la valeur de l'écrivain (je pourrais râler des heures et des heures sur des personnes qui n'ont pas le moindre talent littéraire et qui sont publiées. Chez lesquelles je n'arrive pas à sentir le monde qu'il y a derrière l'écriture.). Être capable de dire qu'on a évolué, qu'on s'est éloigné, qu'on ne peut plus retourner vers certaines étapes qui ont fait de nous un écrivain. Anne Rice écrit maintenant sur des thèmes qui feraient frémir d'horreur ceux qui ont adoré ses romans de vampires. La vie de Jésus, les "romans chrétiens", aussi, comme elle les appelle. Et pour ça je la respecte d'autant plus. Elle ne renie pas ce qu'elle a fait, elle sait simplement que maintenant, elle ne peut plus y retourner. Elle reste attaché à une figure qui l'a accompagnée pendant longtemps mais qu'elle ne peut plus saisir, dont les murmures se perdent.

    Madame Rice, chapeau. Même si je n'aime pas ce que vous écrivez, vous avez à mes yeux cette petite étincelle qui fait que oui, vous êtes quelqu'un qui a de  l'or au bout de la plume : cette façon d'honorer des mondes et des personnages, de leur permettre de vivre sur le papier, et d'accepter qu'un jour, ils puissent partir. 

    Et pour le moment, je ne peux que retourner vers ces deux ados de Dolera qui, au bout du clavier, m'en font découvrir à nouveau des vertes et des pas mûres sur un monde que je croyais pourtant un peu connaitre. Comme quoi. J'attends impatiemment de voir comme ils vont s'intégrer à cette histoire, ce trio de frères qui ne m'a jamais abandonné.

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