Chaosphere

Dimanche 7 mars 2010 à 16:27

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron,
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée,
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée ...

El Desdichado. Nerval. A chaque fois que je récite ce poème, que ce soit par coeur ou avec le texte sur les yeux, sur l'écran blafard d'un ordinateur ou sur du papier jauni, j'ai l'impression qu'une autre voix se mêle à la mienne, me contant ses malheurs et ses espoirs, son renouveau dans ces mots si simples qui ont frappé tant de coeurs.Il y a beaucoup à apprendre de ces mots, pour moi, en tout cas. Comme le disait Cantos, tout en m'étranglant : "Tu verras, ce n'est pas douloureux. La mort avant la mort, la colère suprême, la vérité révélée." J'ai rarement de mots doux de sa part, ai-je à le préciser ?

Mais voilà. En ce moment, je traverse un Achéron personnel. Se lever et rester debout face à tous ceux qui me disent de me rasseoir et de continuer comme ça n'est pas simple. Quand le huit de coupes est sorti lors de ce tirage, ce n'est pas le ton de l'ange mutilé que j'ai senti, mais plutôt celui du Serpent. Celui qui m'a dit de ne pas m'empoisonner plus. S'aveugler et se perdre ne sert à rien. Lève-toi ! Elève toi ! Et que ta voix se fasse entendre par delà ton esprit ! Seule ta rébellion peut être entendue.

Alors autant faire comme Kain. Se poser un instant, fermer les yeux, blotti contre le radiateur d'un wagon usé jusqu'à la rouille, et savoir qu'on arrivera bien quelque part, maintenant que le mouvement est lancé et que l'on ne peut plus rien contre lui.

Cela faisait tout de même bien longtemps qu'un tirage ne m'était pas venu aussi facilement que celui-ci. Un matin, le sommeil encore ancré dans les yeux, glauque. Se saisir de son jeu de tarot, le Mage, pas un autre, battre les cartes, en silence, pour ne pas réveiller celle qui dort encore, les étaler, sans un mot. Se saisir d'un bloc note, écrire, à toute vitesse, le plus rapidement possible, aussi rapidement que la main le permet, laisser les idées défiler au fur et à mesure que les cartes se dévoilent aux yeux fatigués, au corps stressé.

Il n'y a rien de plus magique que ces instants de temps suspendu, où l'on ne sait pas où les cartes vont nous mener, mais où leur sens s'élève de la plus pure des manières aux yeux épuisés d'un sommeil fatigant et rongé par l'angoisse.

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