Quelle ironie. Quoi qu'il arrive, je me retrouve sur son chemin. Liée depuis bientôt un an à celui aux yeux de feu, celui qui lie les gens, qui les lit comme des livres, retrouvant en eux la faiblesse des hommes. A mon cou j'ai des chaines qui pèsent sur mes épaules. A mes mains des menottes qui me lient et m'empêchent d'agir, pas de trembler. Diable, qui es-tu donc ? Un dieu passé, terrible et puissant, nous enseignant à nous libérer de nos trop lourdes chaînes ? Il y a de ça ; mais ta leçon est si difficile et lourde à percevoir. Vivre ! Vivre jusqu'au bout de notre vie, dans un présent qui nous échappe !

   Oui, quelle ironie. Ce Diable que je comprends si peu et que je comprends si bien est celui qui me montre mon propre chemin. La fascination des liens, du lien, de l'attachement, les poignets liés et le sourire aux lèvres quand cela est fait correctement. Mais ceux qui pèsent et qui étouffent sont loin d'être sains. Il est impossible de vivre avec, et pourtant je n'arrive pas à les retirer, à les arracher ; je me sens muette et aveugle, paralysée, incapable de faire quoi que ce soit. Voilà la leçon du Diable : à trop s'étouffer, on meurt parce qu'on ne vit plus. 

   Des fois, je me demandes bien comment je peux en arriver là ... Des fois je me demandes ce que je fiche là, et je n'ai toujours pas de réponse. C'est peut être bien avec lui que je la trouverais.