Non, ce dont je voulais parler, justement, avait un rapport avec Anne Rice. Parce que des fois, on écarquille grand les yeux, quand on lit quelques mots, et surtout, on sourit, très fort, très touchée, parce qu'ils ont visé notre petit coeur tout émotif.
Parce que lire ça :
"Seldom a week goes by that I don't receive an email asking me to write about Lestat again, or asking me why I choose not to write about him. Sometimes the readers ask for a novel of Lestat's redemption. Some time they ask only for his adventures to continue. I can't go back to Lestat. It's simply an impossibility of which I am acutely aware. It's not even a choice, really. I cannot return honestly to the world in which Lestat was created and in which he exists in the novels. I can't get into that world again. An impossibility more than a choice. Lestat is always and eternally on the verge of redemption, and so he must remain, an existential hero always acutely aware of his own tragic choices. I am happy with him out there, existing, finding new readers, dancing under the lamplight. I am overjoyed that he may soon be smiling on me from the big screen. I cannot be Lestat again. And I know this. To recognize it and accept it, to go on to new themes, to greater challenges, this is my destiny. I am like him in that I want to be strong as he was always strong. And that means I must be strong enough not to try to do what I cannot do. Thanks, Anne Rice."
Et la seule chose que j'ai envie de dire, avec mon élégance et ma retenue naturelle, c'est "... 'tain ça c'était beau."
Je n'ai jamais aimé Lestat, je n'ai jamais aimé Entretien avec un vampire, je n'ai pas continué la lecture de la saga. Mais quand je lis ça, je me dis que cette auteure a vraiment fait quelque chose de sa vie d'écrivaine. Autre que publier un roman. Publier un roman, ce n'est rien, à côté de ça. Je veux dire ... C'est bien, c'est très bien, mais ça ne prouve pas la valeur de l'écrivain (je pourrais râler des heures et des heures sur des personnes qui n'ont pas le moindre talent littéraire et qui sont publiées. Chez lesquelles je n'arrive pas à sentir le monde qu'il y a derrière l'écriture.). Être capable de dire qu'on a évolué, qu'on s'est éloigné, qu'on ne peut plus retourner vers certaines étapes qui ont fait de nous un écrivain. Anne Rice écrit maintenant sur des thèmes qui feraient frémir d'horreur ceux qui ont adoré ses romans de vampires. La vie de Jésus, les "romans chrétiens", aussi, comme elle les appelle. Et pour ça je la respecte d'autant plus. Elle ne renie pas ce qu'elle a fait, elle sait simplement que maintenant, elle ne peut plus y retourner. Elle reste attaché à une figure qui l'a accompagnée pendant longtemps mais qu'elle ne peut plus saisir, dont les murmures se perdent.
Madame Rice, chapeau. Même si je n'aime pas ce que vous écrivez, vous avez à mes yeux cette petite étincelle qui fait que oui, vous êtes quelqu'un qui a de l'or au bout de la plume : cette façon d'honorer des mondes et des personnages, de leur permettre de vivre sur le papier, et d'accepter qu'un jour, ils puissent partir.
Et pour le moment, je ne peux que retourner vers ces deux ados de Dolera qui, au bout du clavier, m'en font découvrir à nouveau des vertes et des pas mûres sur un monde que je croyais pourtant un peu connaitre. Comme quoi. J'attends impatiemment de voir comme ils vont s'intégrer à cette histoire, ce trio de frères qui ne m'a jamais abandonné.